• Poême

     

    Douce est la belle, comme si musique et bois,
    agate, toile, blé, et pêchers transparents,
    avaient érigé sa fugitive statue.
    À la fraîcheur du flot elle oppose la sienne.

    La mer baigne des pieds lisses, luisants,
    moulés sur la forme récente imprimée dans le sable;
    maintenant sa féminine flamme de rose
    n'est que bulle abattue de soleil et de mer.

    Ah que rien ne te touche hormis le sel du froid!
    Que pas même l'amour n'altère le printemps.
    Belle, réverbérant l'écume indélébile,

    laisse, laisse ta hanche imposer à cette eau
    la neuve dimension du nénuphar, du cygne
    et vogue ta statue sur l'éternel cristal.

    Pablo Neruda

     

     

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